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Des critiques Marvel pour plonger au cœur du MCU

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Doctor Strange: Multiverse of Madness : Un Marvel à la Raimi

À sa sortie en 2016, Doctor Strange avait apporté un souffle de fraîcheur dans l’univers déjà vaste du Marvel Cinematic Universe. Depuis, le Maître des Arts Mystiques, incarné par Benedict Cumberbatch, a beaucoup évolué au sein des Avengers et est désormais promis à un rôle central dans les plans de Kevin Feige, axés sur le Multivers. Que vaut donc Doctor Strange in the Multiverse of Madness, dirigé par le célèbre Sam Raimi ?

L’antre de la folie

Traitez-nous de blasés ou de cyniques, mais avec le temps, nous avons appris à nous méfier de Marvel, de la production standardisée de ses films et de son marketing envahissant. Dès les premières annonces de Doctor Strange in the Multiverse of Madness, il était difficile de prendre au sérieux les affirmations naïves du réalisateur Scott Derrickson, qui parlait du premier « Marvel horrifique ». Sans grande surprise, le réalisateur de Sinister a fini par quitter le projet en raison de divergences artistiques avec le tout-puissant Kevin Feige.

Cela semblait marquer un aveu d’échec définitif, mettant un terme à toute possibilité de voir le MCU sortir de ses sentiers battus et très PG-13. Pourtant, Marvel a persisté dans l’idée de proposer un Doctor Strange 2 différent de la norme, surtout après la nomination de Sam Raimi en remplacement de Derrickson. Le maître derrière Evil Dead et les premiers *Spider-Man pourrait-il sauver la mise, ou serait-il le dernier clou dans le cercueil d’un cinéma hollywoodien décidé à étouffer les voix artistiques des blockbusters ?

À notre grande surprise, la réponse se situe entre ces deux extrêmes. Il est important de préciser que Doctor Strange 2 n’est pas vraiment un film de Sam Raimi. Le réalisateur répond ici aux exigences d’une commande intégrée dans un univers étendu complexe, qui semble l’intéresser peu. Dans ce contexte, la jeune America Chavez (Xochitl Gomez), capable de voyager entre les dimensions, fait appel à Stephen Strange pour échapper à une menace qui souhaite s’emparer de son pouvoir.

L’introduction du film est simple, directe et efficace, évitant de tourner en rond autour de son concept. Cependant, son rythme effréné laisse peu de place au développement des personnages. Bien que Raimi montre une confiance indéfectible envers ses acteurs particulièrement Elizabeth Olsen, qui brille dans son retour en Wanda Maximoff les personnages semblent s’appuyer de manière excessive sur les acquis des films précédents.

Raimi en mystère

Comme beaucoup de productions Marvel, les intentions de Doctor Strange 2 ne peuvent pas échapper à un obstacle majeur : l’expansion toujours plus spectaculaire de son univers, qui paradoxalement limite l’échelle de l’histoire à une poignée de personnages. Après une séquence d’ouverture dynamique qui effleure de nombreuses dimensions, le film se contente d’un nombre restreint de décors, servant principalement de tremplin pour un fan-service qui ne connaît plus de limites.

Cela dit, malgré les risques de devenir une simple suite de scènes déconnectées et ennuyeuses, In the Multiverse of Madness se révèle être une agréable surprise, solide et cohérente, presque comme une série B à grande vitesse. Sam Raimi, passionné de comics, réussit à allier son expertise en matière d’adaptation avec une approche humble.

Chaque page de bande dessinée demande au lecteur de recomposer un récit global à partir d’images fixes, et Doctor Strange 2 emprunte justement ce chemin, offrant une course en avant et évitant le surplace souvent reproché à une franchise engluée dans ses propres clins d’œil. Bien sûr, le cinéaste est soumis à certaines contraintes, mais il bénéficie de l’avantage d’un scénario de Michael Waldron qui va dans son sens.

Alors que le Multivers ouvre une nouvelle ère de possibilités, Raimi en profite pour rappeler que le mythe super-héroïque peut être reproduit, et qu’il n’est pas si unique après tout. Avec une certaine cruauté et un sourire satisfait, le film joue avec la mortalité de ses personnages surhumains, ce qui représente presque une révolution pour une franchise qui a plongé ses icônes dans une stase cinématographique.

Au-delà de ce jeu de massacre habile (sans entrer dans les détails pour éviter de spoiler certaines surprises), le long-métrage réussit à intégrer le réalisateur dans l’équation. Certes, les fans inconditionnels de Sam Raimi pourraient trouver son style emblématique atténué, mais cette touche personnelle apporte une saveur bienvenue, contrastant avec la fadeur habituelle du MCU.

Renaissance de l’Auteur ?

Certaines personnes pourraient critiquer cet enthousiasme en le considérant comme une conséquence du nivellement par le bas auquel Marvel nous a habitués depuis tant d’années. Cependant, au-delà des vingt premières minutes, qui suscitent l’inquiétude avec des travellings audacieux et une scène d’énucléation qui semblent se suffire à elles-mêmes, Doctor Strange 2 évite de se réduire à une simple vitrine d’effets spéciaux caricaturaux. Mieux encore, le film réussit à exploiter une fibre horrifique qu’il a toujours prétendu posséder. Cela fonctionne surtout grâce à un twist qui constitue le cœur émotionnel du récit, offrant à l’antagoniste un véritable moteur qui permet à l’histoire d’avancer.

À ce stade, les paysages dépaysants d’un Multivers en ruine font leur effet et soulignent la force pénétrante de la caméra de Sam Raimi, toujours prête à transcender ses limites physiques pour trouver des angles innovants. Avec un scénario qui s’amuse avec de vieux grimoires et des doppelgängers possédés, on retrouve les travellings démoniaques d’Evil Dead, quelques raccords efficaces, et les célèbres plans inclinés du réalisateur, qui créent un suspense inattendu autour de certaines séquences clés.

Bien que de nombreuses scènes ne soient pas pleinement exploitées, on ne peut nier le talent d’un artisan de l’horreur comme Raimi, qui parvient à utiliser les super-pouvoirs de ses héros avec la même habileté qu’il a démontrée avec ses démons dans le passé. Dans un univers cinématographique Marvel de plus en plus détaché du tangible pour se tourner vers le numérique, Raimi s’approprie cette (anti-)matière, comme en témoigne un plan astucieux où un personnage tente de s’échapper d’une prison en utilisant le moindre reflet.

D’idée en idée, de péripétie en péripétie, In the Multiverse of Madness rappelle à Marvel l’importance du ludique, un aspect qui manquait depuis trop longtemps (pensons notamment à un combat « musical » à la fois amusant et original). Il est indéniable que la réussite de cette aventure, d’une durée de deux petites heures, repose en grande partie sur la façon dont Sam Raimi dirige le projet. Bien que tout ne soit pas parfait, le réalisateur de la trilogie Spider-Man démontre que Marvel peut encore produire des films avec une vision minimale. Il reste toutefois essentiel que les réalisateurs recrutés ne la perdent pas en cours de route.

Résumé

Alors que le MCU ne suscitait plus beaucoup d’attentes, Doctor Strange in the Multiverse of Madness parvient à surprendre. Bien que Sam Raimi ne soit pas à son apogée, il parvient à résister à la machine et livre le chapitre le plus divertissant et inspiré de la saga depuis longtemps.

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