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Des critiques Marvel pour plonger au cœur du MCU

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Black Panther: Wakanda Forever : Le Deuil au Cœur du MCU

Après la déception de Thor : Love and Thunder, le MCU ne pouvait se permettre de décevoir à nouveau avec Black Panther : Wakanda Forever, surtout en l’absence de Chadwick Boseman. La question se pose : Marvel a-t-il réussi à redresser la barre et à conclure sa Phase 4 de manière satisfaisante ?

Mission impossible

Il est difficile d’aborder Black Panther : Wakanda Forever sans évoquer le défi qui lui a été posé suite au décès de Chadwick Boseman, l’acteur ayant incarné T’Challa depuis Captain America : Civil War.

Ce n’est pas la première fois que Marvel fait ses adieux à un super-héros et aborde les thèmes de l’héritage et de la mémoire. Spider-Man : Far from Home a notamment rendu hommage à Iron Man, qui a été d’abord glorifié dans Avengers : Endgame, tout comme Black Widow a servi de dernier hommage à Natasha Romanoff après son sacrifice héroïque.

Le film Captain Marvel a rendu un bref hommage à Stan Lee, l’un des créateurs emblématiques de la Maison des Idées, décédé pendant la production. Cependant, la situation de Black Panther 2 était bien plus délicate et ne pouvait se contenter d’un simple carton de remerciements ou d’un générique hommage.

En raison de l’émotion suscitée par la disparition de Chadwick Boseman, Kevin Feige a annoncé peu après que T’Challa ne serait pas recasté et que l’acteur ne serait pas recréé en images de synthèse. Même si Marvel avait envisagé d’utiliser quelques séquences de secours, le studio n’avait de toute façon pas de prises de réserve, contrairement à Lucasfilm qui avait pu recourir à des images de Carrie Fisher pour Star Wars : L’Ascension de Skywalker.

Le film devait donc faire face à une triple absence : celle de l’acteur principal, celle du roi T’Challa, et celle de son homologue en costume, tout en étant contraint de traiter ces disparitions hors champ. Cela représentait un véritable casse-tête scénaristique, sans précédent dans le MCU et l’industrie du blockbuster. Le cas de Paul Walker, dont la mort est survenue peu avant la fin du tournage de Fast & Furious 7, est l’un des exemples les plus proches.

Avant même la sortie du film, il était évident que le scénario se trouverait en tension, ne pouvant pas trop se concentrer sur la disparition de T’Challa ni la balayer d’un revers de main après la scène d’introduction. Le public devait faire preuve d’indulgence, l’objectif étant de sauver les meubles du mieux possible, malgré un traitement inévitablement maladroit et incomplet. Pourtant, même si le compromis semblait difficile, Ryan Coogler et le coscénariste Joe Robert Cole ont réussi à s’en sortir plutôt honorablement.

Moins de verdure, plus d’émotion

Bien que Black Panther 2 puisse être considéré comme un reboot de la franchise, il parvient à transformer une contrainte en atout narratif tout en établissant un lien logique avec le premier film. Le long-métrage de 2018 se concentrait déjà sur des thèmes de transmission et de remise en question des traditions et des valeurs du Wakanda, mais sa suite approfondit ces problématiques de manière naturelle.

Tout comme la mort de T’Chaka a ouvert la voie à un nouveau souverain et à un nouveau Black Panther, celle de T’Challa crée une nouvelle succession, mais le film adopte une approche méta plus pertinente. Étant donné que Killmonger (Michael B. Jordan) a détruit toutes les herbes-coeur nécessaires pour conférer les pouvoirs au Black Panther, le Wakanda se retrouve dans une impasse, tandis que les personnages s’interrogent sur la nécessité d’une nouvelle incarnation du super-héros à une époque où la technologie surpasse de nombreux pouvoirs magiques.

Une manière habile d’élever le propos et d’intégrer l’hommage à Chadwick Boseman dans le scénario, au-delà du simple parallèle entre leur disparition. Cela constitue également une approche inattendue pour s’éloigner de la recette de plus en plus indigeste des productions Marvel. Au final, Black Panther 2 se présente comme un film de super-héros sans super-héros, offrant une forme d’héroïsme plus inhabituelle. Le scénario accorde une plus grande place au reste de la distribution, notamment aux personnages féminins (Shuri, Nakia, Okoye et la Reine Ramonda), qui étaient jusqu’alors éclipsés par T’Challa.

En conséquence, chacune d’elles a gagné en nuance et en profondeur, avec une caractérisation enrichie. On retient ainsi de beaux moments et échanges entre ces femmes, toutes marquées par le deuil et cherchant à le surmonter à leur manière. La scène post-générique demeure toutefois le point culminant de cet hommage double et illustre bien l’équilibre émotionnel de la production. En évitant les pitreries et les effets d’annonce pour de futurs films ou séries, la simplicité de la scène et la sensibilité palpable des deux actrices permettent de conclure sur une note mélancolique tout en s’ouvrant sur l’avenir.

En plus de ces réflexions de fond, les enjeux politiques s’inscrivent dans la continuité de ceux du premier volet, avec un nouvel arrivisme occidental qui entrave les relations diplomatiques du Wakanda. Namor remplace Killmonger en tant qu’anti-héros, luttant avec violence pour une cause légitime. Bien que le fond demeure schématique et la représentation des habitants de Talokan et des Wakandais un peu rudimentaire, leur conflit gagne en ampleur, se traduisant par une guerre à plus grande échelle qui ravage deux peuples initialement pacifiques.

Après avoir puisé dans des éléments de mythologie, le Wakanda est davantage développé. Ce pays fictif, jusqu’alors dépeuplé, prend vie, rendant les scènes de destruction et les pertes humaines beaucoup plus impactantes et crédibles, surtout en comparaison avec la bataille finale du premier film, qui se déroulait dans le désert et manquait de conséquences réelles.

Deux pas en avant, un en arrière

Black Panther : Wakanda Forever demeure un film estampillé Marvel et ne peut donc pas échapper aux défauts récurrents de la plupart des productions de l’univers étendu. Le dernier acte, qui retombe dans des conventions ennuyeuses, contredit tout ce que le récit a bâti pendant plus d’une heure et demie. Après avoir engagé une réflexion pertinente sur le rôle des super-héros et leur pertinence dans un monde où n’importe qui peut en devenir un, le costume de Black Panther est remis, pour des raisons pratiques (sans spoiler, cela figure dans les bandes-annonces), et presque tout le reste du casting revêt une super-armure pour devenir des super-héroïnes à part entière.

Le scénario souffre également d’intertextualité forcée avec la présence superflue de Valentina de Fontaine (Julia Louis-Dreyfus), le retour d’Everett Ross (Martin Freeman), qui cherche désespérément sa place, et l’introduction bâclée de Riri Williams, alias Ironheart. Tout comme America Chavez, Monica Rambeau ou Love (la jeune fille du dernier Thor), ce personnage devient un énième MacGuffin errant dans le récit, dont la personnalité reste sous-développée, le film ayant pour seul objectif de lui ouvrir une porte vers le MCU avant la série qui lui accordera une réelle attention.

Cependant, ce qui est le plus dérangeant, c’est ce scénario à deux volets qui, en plus d’être très dense et de connaître quelques baisses de rythme (le film est le deuxième plus long du MCU après Endgame), est surtout inégal sur le plan émotionnel. Si la mort de T’Challa constitue le point de départ du parcours de Shuri, un autre drame est censé servir de pivot narratif pour l’arc de Namor. Pourtant, cet événement, qui aurait dû être central et traumatiser les personnages, finit par se réduire à une simple péripétie, perdant ainsi une grande partie de sa charge émotionnelle, qui est entièrement consacrée à la mort de T’Challa.

Malgré cet équilibre fragile, Marvel a néanmoins évité le pire (ou presque) avec un film qui, bien que largement influencé par le décès de Chadwick Boseman, se révèle également délicat et riche sur d’autres aspects.

Résumé

On peut critiquer Black Panther: Wakanda Forever pour les mêmes raisons que l’on reproche souvent aux productions Marvel, mais il est également possible de saluer la manière dont le scénario a habilement abordé la mort de Chadwick Boseman.

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