En 2019, Captain Marvel avait explosé au box-office avec plus de 1,1 milliard de dollars de recettes, porté par l’engouement autour d’Avengers : Infinity War et Endgame. Quatre ans plus tard, Brie Larson reprend son rôle dans The Marvels, suite directe non seulement de Captain Marvel mais aussi des séries WandaVision et Miss Marvel, où elle s’associe cette fois à Monica Rambeau (Teyonah Parris) et Kamala Khan (Iman Vellani).
Après la déception d’Ant-Man 3 et les adieux des Gardiens de la Galaxie, Captain Marvel 2 était à la fois espéré et craint. Verdict : un résultat en demi-teinte, mais loin d’être catastrophique.
Y’en a marre-vel
En 2019, Captain Marvel avait une particularité notable : il s’agissait du premier film du MCU centré sur une super-héroïne, après plus de dix ans, vingt films, et plusieurs tentatives avortées (elle devait même apparaître à la fin d’Avengers 2). Porté par la vague de succès d’Avengers : Infinity War et Endgame, ainsi que par le phénomène Wonder Woman en 2017, le film, co-réalisé par Anna Boden et Ryan Fleck, s’est hissé au 10ᵉ rang des plus gros succès du MCU, faisant de Carol Danvers le seul personnage à atteindre de tels sommets dès son premier film solo.
Trois ans plus tard, The Marvels fait face à ses propres défis. Ce blockbuster arrive dans un contexte difficile pour Marvel Studios : entre les répercussions de la pandémie, les grèves à Hollywood (ayant repoussé la sortie quatre fois), les débats autour des effets visuels, notamment chez Disney, et l’échec cuisant d’Ant-Man 3 au box-office début 2023.
Ensuite, The Marvels est le premier film du MCU à s’appuyer autant sur les séries Disney+. Certes, Doctor Strange 2 poursuivait l’histoire amorcée dans WandaVision, mais Wanda était déjà bien connue au cinéma, contrairement à Monica Rambeau et Miss Marvel (Monica enfant dans Captain Marvel ne compte pas vraiment). Alors que Disney commence à revoir sa stratégie sur Disney+ pour éviter que la multiplication des séries ne « dilue la marque Marvel », selon les termes de Bob Iger, The Marvels semble ainsi pris en plein milieu de ce réajustement.
Dans un monde où même Thor 4 trouve ses défenseurs, tout semble possible. On pourrait même être agréablement surpris, car cette suite de Captain Marvel se révèle finalement être un film du MCU moyen, qui retrouve un certain équilibre après les extrêmes d’Ant-Man 3 et des Gardiens de la Galaxie 3. En résumé : il y a eu bien pire. Mais est-ce vraiment suffisant ?

Captain marvel 2 (mais à 3)
En devenant The Marvels, Captain Marvel 2 transforme l’histoire solo de Carol Danvers en une aventure à trois, avec un atout notable : exploiter cette dynamique nouvelle. Carol, Kamala, et Monica ne sont pas un simple substitut des Avengers ni une réponse forcée à la scène de pseudo-féminisme d’Avengers : Endgame. Liées involontairement par leurs pouvoirs et un nouvel artefact magique, elles échangent de place lorsqu’elles utilisent leurs capacités simultanément. Ce concept simple redonne de l’énergie aux scènes de combat répétitives du MCU.
Ce « body swap » involontaire permet de réorienter l’attention, ce qui s’avère judicieux dans un univers Marvel où les scènes de combat obligatoires deviennent souvent monotones. L’enjeu n’est plus l’impact des coups, mais le chaos comique qui s’ensuit, avec les héroïnes se retrouvant dans des situations inconfortables. Ce ressort introduit ainsi quelques idées amusantes de chorégraphies et de diversions, notamment au début du film.
Bien entendu, tout cela reste encadré par les règles du MCU, avec un découpage parfois très approximatif et une réalisation qui souffre de plans un peu génériques. De plus, la dynamique de trio est sous-exploitée, autant dans les interactions que lors des combats finaux. Néanmoins, le film possède une certaine énergie et motivation, et côté effets visuels, c’est au-dessus de nombreux blockbusters récents. Mais est-ce suffisant ?
Captain Marvel Ego
The Marvels reste avant tout l’histoire de Carol Danvers, parfois au détriment des deux autres héroïnes, qui peinent à trouver leur place. Monica, la fille de Maria Rambeau, connaît Carol depuis son enfance, mais son personnage reste en retrait. Kamala, en revanche, s’en sort un peu mieux grâce à l’énergie d’Iman Vellani, qui apporte une touche différente et rafraîchissante. Dans un casting où tout le monde semble jouer sur la même note, elle se démarque, offrant au film un contraste bienvenu.
Le personnage de Captain Marvel bénéficie aussi d’un traitement intéressant, grâce au scénario signé Nia DaCosta, Megan McDonnell (WandaVision) et Elissa Karasik (Loki). Avec ses pouvoirs presque illimités et un ego potentiellement aussi imposant, Carol a souvent été perçue comme une force brute, d’abord dans son film solo où elle apparaissait invincible, puis lors de son bref passage dans Avengers : Endgame.

Dans The Marvels, Carol Danvers doit assumer les conséquences de ses choix passés : sa décision finale dans Captain Marvel a en fait aggravé la situation. Elle fait face aux répercussions de ses actes, que ce soit en revivant son passé, avec une Monica amère, ou en regardant vers l’avenir, incarné par Kamala, son admiratrice dévouée. Son parcours d’héroïne se heurte aux obstacles et aux échecs, dévoilant subtilement les failles d’un personnage imparfait.
Bien sûr, tout cela reste en filigrane, souvent noyé dans les impératifs du blockbuster, et parfois présenté de façon un peu lourde (comme la scène dans le champ, sans grande subtilité). Malgré cela, ces touches ajoutent un relief bienvenu à ce personnage complexe, dont les pouvoirs demeurent par ailleurs mal définis et inconstants.
Mais est-ce suffisant ?

Merci ant-man 3 et thor 4 ?
Malgré ces quelques nuances, The Marvels reste fidèle aux ingrédients classiques du MCU : un ton souvent premier degré, un humour omniprésent, et des difficultés à marier les deux. L’introduction, plate et rappelant les heures sombres de Thor 2, laisse présager le pire. Pourtant, c’est là que la réalisatrice Nia DaCosta et le producteur Kevin Feige parviennent à éviter certains des pièges les plus redoutés.
Avec une simplicité presque désarmante, le film parvient à redémarrer régulièrement malgré un scénario d’une extrême légèreté, que personne ne tente de surcharger (d’où la durée de 1h45). En intégrant une séquence musicale à la fois étrange et déconcertante, une invasion de chats mi-mignons mi-grotesques, et des explorations cosmiques qui déploient un visuel plus ambitieux (loin du premier Captain Marvel ancré sur Terre), The Marvels se laisse aller à une légèreté pop assumée.
Évidemment, rien de tout cela ne viendra troubler le cadre impeccable du MCU. L’aventure suit à nouveau une structure presque mécanisée, digne d’un tableau Excel à 220 millions de dollars (au minimum). L’antagoniste, jouée par Zawe Ashton, se révèle d’une superficialité mémorablement oubliable, le climax se mue en un immense festival de CGI, les scènes d’action recyclent des motifs usés – tourbillons et cieux déchirés –, et la majorité des décors et costumes semblent tirés tout droit de précédentes productions du MCU.

Brie Larson se voit offrir peu de substance pour son personnage, tandis que Samuel L. Jackson suscite des inquiétudes, après avoir enchaîné la série décevante Secret Invasion et son rôle de baby-sitter dans The Marvels, deux des pires utilisations de Nick Fury à ce jour. La conclusion (qui tient de la scène post-générique) et la scène post-générique elle-même, toutes deux centrées sur la préparation de deux projets d’ampleur teasés depuis longtemps, se posent en ultime rappel de la formule bien huilée de ce « cercueil multicolore ».
Alors, que penser de tout cela ? The Marvels gagne-t-il quelques points d’indulgence simplement parce qu’il suit Ant-Man 3 et Thor 4 ? Devons-nous vraiment nous satisfaire de cette petite dose sans risque ? Le film mérite-t-il plus de ferveur critique ? Peut-être vous êtes-vous arrêtés à la note de 2,5/5, la prenant pour le point final du débat. Tant de questions, mais rassurez-vous : on se retrouvera dans quelques mois pour poursuivre la discussion autour du prochain plat servi par le MCU.
Résumé
Film moyen, note moyenne. Il y a eu bien pire, il y a eu bien mieux, mais The Marvels a au moins le modeste mérite de ne pas se prendre trop au sérieux, et s’en sort peut-être en marchant sur les cadavres de quelques ratés récents du MCU.
